À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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Malles de voyage

Au cours des 400 dernières années, des millions d'immigrants ont débarqué sur les quais au Canada. Rêvant d'une vie meilleure, pour eux et pour leurs enfants, ils ont quitté leur pays natal avec leurs biens essentiels dans des sacs et des bagages de toutes sortes et de tous formats : des valises, des sacoches de cuir, des paniers d'osier, des sacs polochon, des malles, des coffres en bois, des ballots en linge, des boîtes de carton et des caisses. Certains contenants étaient si fragiles ou rudimentaires qu'ils ont vite été jetés à l'arrivée. D'autres ont non seulement survécu, en tant que traces tangibles du choix courageux de recommencer sa vie au Canada mais ils ont de plus inspiré les fabricants de meubles et les décorateurs canadiens; c'est le cas des coffres de bois rapportés par certains groupes ethniques.

L'ampleur et la nature des flux d'immigration au Canada ont beaucoup varié depuis l'établissement des premiers colons en 1608. De la période de la Nouvelle-France jusqu'en 1760, environ 10 000 sujets français se sont établis sur les terres qui constituent aujourd'hui le Québec et les provinces maritimes. Il y a eu une deuxième grande vague d'immigration dans les décennies suivant la Guerre d'indépendance des états-Unis, alors que 50 000 loyalistes britanniques ont quitté les états-Unis pour s'établir dans l'Est canadien. L'immigration transatlantique a réellement pris de l'ampleur à partir de 1815, c'est-à-dire à la fin des guerres napoléoniennes. Au cours du demi-siècle qui a suivi, près d'un million de personnes ont quitté l'Europe, principalement le Royaume-Uni. De la Confédération à 1970, dix millions d'immigrants se sont établis au Canada, surtout d'origine britannique; ce fut le début de l'immigration en provenance de l'Europe centrale, de l'Europe de l'Est et de l'Europe du Sud, et, dans une moindre mesure, de l'Asie. Bien que bon nombre d'entre eux soient venus directement au Canada, d'autres sont d'abord passés par les états-Unis.

Bien que les véritables motifs qui poussaient les gens à émigrer variaient selon les personnes, certaines des causes profondes appartenaient à des phénomènes généraux. Au nombre des principaux facteurs ayant contribué à la décision de partir, on compte des perspectives économiques défavorables dans le pays d'origine en raison de pénuries de terres agricoles ou du manque de travail, une situation politique instable ou oppressive, la discrimination religieuse, les déplacements forcés par la guerre, le service militaire obligatoire et l'envie de retrouver des proches déjà établis dans le pays d'accueil. Les progrès dans les transports, notamment l'expansion du réseau ferroviaire en Europe à la fin du 19e siècle, ont facilité l'accès des émigrants aux ports d'embarquement. De plus, à partir de 1850, comme les bateaux à voiles étaient remplacés par les bateaux à vapeur, la traversée de l'Atlantique n'était plus, désormais, un périple hasardeux. Un bateau à vapeur pouvait traverser l'océan en dix à douze jours, alors qu'il fallait de quatre à six semaines à un voilier. En 1900, les bateaux sont devenus plus gros et plus rapides, ce qui a permis de réduire encore de presque la moitié la durée de la traversée.

Les circonstances menant au départ déterminaient en grande partie la nature des bagages à apporter. Même s'il y avait autant des femmes que des hommes qui émigraient individuellement, ces derniers étaient majoritaires, soit parce qu'ils partaient avec l'intention de travailler durant quelques années avant de revenir au bercail, soit parce qu'ils devaient d'abord s'établir et gagner assez d'argent pour que leur famille puisse venir les rejoindre. Dans les deux cas, on voyageait plutôt « léger ». Les émigrants avaient généralement leurs vêtements et des articles indispensables dans un sac ou une malle. Parmi les petits coffres datant des 17e et 18e siècles, il y en avait un qui était cylindrique de sorte qu'il pouvait être transporté facilement sous le bras. Bien que les hommes arrivaient fréquemment avant les femmes dans le cas de presque toutes les nationalités émigrant au Canada, depuis le milieu du 19e siècle et au cours des premières décennies du 20e siècle, pour aucun groupe, cela n'était plus évident que pour les Chinois. En effet, les Chinois qui venaient au Canada pour travailler à la construction du Chemin de fer Canadien Pacifique et dans l'industrie du secteur primaire n'avaient pas les moyens d'amener leur femme ou leur fiancée au Canada, après que le gouvernement canadien eût imposé une taxe aux immigrants chinois. Cette taxe s'élevait initialement à 50 $ par personne, mais elle a augmenté pour atteindre 100 $ en 1901, puis 500 $ en 1903. C'est ce qui explique que le recensement canadien de 1911 a enregistré un ratio de 28 Chinois pour une Chinoise, ce qui surpassait de loin la proportion des immigrants des autres nationalités (ratio de 158 hommes pour 100 femmes).

Quand est venu le temps pour les familles de rejoindre les hommes, ou quand les membres des familles émigraient ensemble, le choix du type de bagages pour les effets personnels s'est avéré plus complexe : il fallait choisir méticuleusement ce qu'on amenait et ce qu'on laissait derrière. Les vêtements, le linge de maison, les objets précieux, les ustensiles de cuisine, les petits outils et les souvenirs de famille faisaient partie des bagages, tandis que les meubles et autres objets encombrants étaient vendus. évidemment, si la famille avait déjà peu de biens, on pouvait se départir de tout ce qui n'était pas strictement essentiel pour payer son passage.

Pour transporter leurs biens, beaucoup d'émigrants s'en tenaient aux malles et aux coffres. Les malles différaient des coffres en ce qu'elles servaient précisément au transport des biens. Les malles, utilitaires plutôt que décoratives, partageaient toutes un certain nombre de traits communs, indépendamment de leur format ou de leur origine. Munies d'un couvercle plat ou bombé, elles étaient généralement en bois robuste et renforcées de cornières de métal et de lattes. Au 18e siècle et durant la première moitié du 19e siècle, il n'était pas rare de voir des malles recouvertes de cuir ou de tissu mais, dès la fin du 19e siècle, on appliquait plus souvent des lattes de bois ou une feuille de métal peint sur une boîte de bois. En 1900, certaines malles étaient fabriquées en tôle. Pour faciliter le transport, on a ajouté des poignées fabriquées d'abord en fer, avant 1870, et ensuite à partir de divers matériaux, dont le cuir. Comme une malle remplie contenait des biens de valeur et tombait souvent sous la responsabilité d'autres personnes durant les longs voyages, une bonne serrure constituait également une importante caractéristique.

Autant les malles avaient une fonction strictement utilitaire, autant les coffres de bois utilisés par les immigrants avant la fin du 19e siècle mettaient en valeur les qualités décoratives puisées dans des traditions artisanales et culturelles bien établies dans le pays d'origine. En fait, avant même de servir à transporter les bagages des immigrants, ces coffres pouvaient avoir déjà servi comme meubles importants dans la maison, ou comme espace de rangement pour les vêtements ou les articles de literie. Ils pouvaient même servir de dot dans le cas des nouveaux ménages. Ces coffres, qui souvent reposaient sur des pattes ou une base, consistaient généralement en une simple structure recouverte de panneaux, ou de six planches clouées ou fixées à l'aide de queues d'aronde ou de joints à feuillure. Les ferrures (entrée de serrure, poignées, charnières, fixations), faites de cuivre ou de fer, étaient parfois le fruit d'un travail très minutieux, ce qui contribuait ainsi à la qualité ornementale du coffre.

De nombreux coffres en bois se distinguaient par leurs motifs ornementaux peints ou, plus rarement, gravés sur le dessus et les côtés. Ces motifs représentaient généralement des fleurs ou des animaux, des formes géométriques ou des symboles religieux, et leur arrangement constituait un art populaire souvent propre à chaque groupe ethnique. Les coffres islandais et scandinaves présentaient des lignes fluides et de délicats motifs floraux, qu'on appelle le Rosemaling (ou l'art populaire scandinave). Les coffres ukrainiens, aux couleurs vives, étaient décorés de formes géométriques (cercles, roues, carrés, triangles) et de motifs floraux. De leur côté, les immigrants polonais de la région de la Cachoubie (dans le delta de la Vistule) utilisaient souvent des motifs en forme de pots de fleurs et des formes géométriques, tandis que les Allemands peignaient des tulipes et des couples d'oiseaux. Il y avait aussi le coffre de mariage, qui pouvait porter soit le nom d'une femme ou les initiales des fiancés, de même qu'un cœur et d'autres décorations.

Certainement parce qu'ils étaient parfois les seuls meubles que les immigrants possédaient, les coffres et les malles servaient toujours après l'arrivée de leurs propriétaires au Canada. Comme c'était de gros contenants fermés, ils étaient parfaits pour ranger en sûreté des articles de la maison, ce qui d'ailleurs était leur fonction initiale dans leur pays d'origine. Les coffres à couvercle plat pouvaient servir de tables, ou même, comme le suggèrent plusieurs couvercles usés et renfoncés, de sièges. Pour cet usage, les émigrants doukhobors, et d'autres aussi sans doute, recouvraient les coffres d'une sorte de tapis pour les rendre plus confortables. Outre leur utilité, les coffres peints constituaient également d'importants symboles, rappelant aux immigrants leurs racines culturelles et religieuses.

Les enfants Barnardo

Au cours de la période allant de 1869 à 1924, des établissements de bienfaisance britanniques ont envoyé plus de 80 000 enfants pour vivre au Canada rural; la plupart d'entre eux sont arrivés entre 1880 et 1914. Parmi les quelque cinquante établissements concernés, les foyers de Barnardo (Barnardo's Homes) étaient les plus importants, sous les auspices desquels presque un tiers des enfants sont venus au Canada. L'émigration assistée n'était pas inhabituelle au 19e siècle et au début du 20e siècle, mais ce qui a contribué à rendre cette migration unique a été le fait que ce mouvement a mobilisé un grand nombre de garçons et de filles (de l'enfance jusqu'à l'adolescence) non accompagnés de leurs parents, et ce, même si le tiers d'entre eux, seulement, était orphelin. De plus, une fois au Canada, les enfants n'étaient pas adoptés par de nouvelles familles, mais plutôt amenés dans des ménages pour recevoir une formation et pour travailler comme ouvriers agricoles et aides-domestiques.

Quelles ont été les circonstances entourant la migration de ces « enfants provenant de foyers »? Au cours de la dernière moitié du 19e siècle, les réformateurs de classe moyenne en Grande-Bretagne étaient de plus en plus préoccupés par la situation critique des pauvres ouvriers vivant dans les bidonvilles des villes industrielles les plus importantes du pays. à partir des années 1860, le chômage et le manque de logements à prix abordable ont créé un surpeuplement où les problèmes de pauvreté, de malnutrition, de salubrité et de maladies se répandaient de façon non contrôlée. Du point de vue des réformateurs, cette situation créait une population croissante de pauvres qui étaient vulgaires, ivrognes et immoraux. On considérait que les enfants, élevés dans ce milieu où l'accès à l'école était limité, obligés d'entreprendre des tâches ménagères, et même de travailler à l'extérieur de la maison dès leur jeune âge, couraient beaucoup le risque de tomber dans les mêmes travers que ceux de leurs parents.

Confrontés à une crise croissante touchant les pauvres, les réformateurs sociaux se sont penchés sur d'autres solutions. L'émigration enfantine est apparue comme ayant certains avantages, par exemple le moyen de soulager les villes britanniques de ses jeunes pauvres susceptibles de se tourner vers le crime ou de représenter un fardeau pour la société. Le fait de s'établir sur de nouvelles terres, de préférence dans un milieu rural, permettrait aux enfants d'acquérir de bonnes habitudes en matière d'honnêteté, d'économie et de dur labeur, et de grandir à l'abri de la vie dure des bidonvilles urbains. L'émigration représentait également une solution économique étant donné qu'elle évitait de maintenir les enfants dans une institution jusqu'à ce qu'ils soient assez âgés pour travailler. Bien que l'envoi d'un enfant au Canada ait égalé environ une année de soins en institution, soit entre £10 et £15 (livres sterling), dans le cas d'un jeune enfant, cette dépense était largement compensée compte tenu du gain d'épargne sur plusieurs années. De plus, le gouvernement canadien et certaines compagnies maritimes, souhaitant favoriser le placement des enfants, ont rendu l'émigration attrayante en offrant diverses subventions.

Malgré le fait que l'on ait déjà expérimenté l'émigration enfantine dès les années 1830, l'intérêt dans les projets pour foyers n'est devenu soutenu qu'après 1869. Toutefois, cette activité a également soulevé la controverse. Des histoires sensationnalistes au sujet d'incidents isolés de comportement criminel et immoral commis par des enfants venant de foyers ont inspiré des craintes chez les Canadiens relativement au caractère des jeunes émigrants. Plus important encore, le peu de choix en matière de placement au Canada et le manque subséquent de supervision ont laissé les enfants vulnérables à l'exploitation et aux mauvais traitements. à ce sujet, les agences d'assistance ont essayé d'apaiser les inquiétudes, mais, malgré leur bonne intention et leurs soins, ils n'ont jamais pris en considération comme il se doit le bien-être et la sécurité des enfants à leur charge.

Thomas Barnardo fut un réformateur que les efforts des pionniers en matière d'émigration enfantine ont inspiré, mais qui croyait pouvoir faire mieux. Animé d'un zèle religieux et ayant l'intention de sauver les enfants de la dégradation et de la misère régnant dans les taudis londoniens, il établit, à partir de la fin des années 1860, des foyers d'accueil à Londres et du côté de la campagne anglaise, lesquels ont accepté des centaines de jeunes pauvres. Ne voulant pas rejeter les enfants dans le besoin mais reconnaissant la limite de la capacité d'accueil de ses foyers pour de nouveaux arrivants, Barnardo a milité pour l'émigration enfantine dès les années 1880.

Lorsqu'il a sollicité l'appui financier et politique pour ses foyers et l'émigration enfantine, Barnardo a fait appel à la compassion victorienne en attirant l'attention sur les pires cas d'enfants négligés, maltraités, sans foyer et sous-alimentés. Toutefois, cette représentation publique de l'enfant dans le besoin décrivait en partie les circonstances amenant un jeune sous les soins de Barnardo, mais traduisait une image déformée qui marquerait à jamais beaucoup d'enfants. En réalité, la plupart des enfants émigrants venaient de familles respectables, bien que pauvres, liées par de solides liens d'affection et de soutien. Ces enfants étaient amenés dans des institutions comme celles de Barnardo en dernier recours, lorsqu'une crise ou des crises répétées – abandon par un parent ou décès de ce dernier, maladie, chômage – empêchaient une famille et leurs proches de s'en sortir. Bien que certaines familles considéraient l'admission comme une échappatoire temporaire, les foyers contrôlaient scrupuleusement les contacts entre tous les enfants et leurs parents ou même les décourageaient, de crainte que les enfants ne soient tentés de retourner à leur vie antérieure. Quand les protecteurs d'enfants jugeaient que les familles étaient peu recommandables ou immorales, ils prenaient des précautions spéciales pour soustraire leurs protégés aux mauvaises influences, allant jusqu'à aviser les parents de l'émigration de leurs enfants uniquement après la date de leur départ en bateau, voire jamais, et à retenir leur correspondance.

Les enfants qui effectuaient la traversée de l'Atlantique portaient de nouveaux vêtements convenant à la fois aux différentes saisons du Canada et au caractère pratique de la vie sur la ferme. Tous les enfants recevaient un manteau d'hiver, des bottes, des chaussures, une casquette ou un chapeau, un veston ou un chandail, des sous-vêtements et des articles de toilette. De plus, on fournissait aux garçons un complet, quelques chemises, deux cravates et quelques paires de pantalons de travail ou de salopettes, tandis que les filles recevaient de six à huit robes, six tabliers, des jupons pour l'été et l'hiver, et des bas. Pour encourager les enfants à suivre la bonne voie une fois parvenus dans leurs nouveaux foyers, on leur remettait également des livres inspirants, dont la Bible, un Nouveau Testament avec marques, un livre de cantiques et le livre de John Bunyan intitulé The Pilgrim's Progress. Enfin, le bagage comprenait des instructions sur la façon dont les enfants devaient se comporter là où ils étaient placés et du papier à lettres pour être en mesure de rester en contact avec le foyer.

Ces effets, ainsi que les quelques babioles ou souvenirs que l'enfant pouvait avoir, étaient emballés dans une seule malle. La Barnardo Technical School d'Angleterre a fabriqué un modèle en bois dur recouvert d'une peau en imitation d'alligator qui a été grandement utilisé. D'autres types de coffres, tels que ceux en bois et en feuilles de métal que l'on voit ici, ont également été utilisés.

Les enfants Barnardo sont arrivés par bateau à Halifax, à Québec ou à Montréal et sont ensuite repartis en train vers l'un des foyers d'accueil que Barnardo avait établis à Toronto, à Peterborough et à Russell, au Manitoba. à partir de cette résidence temporaire, les enfants étaient recueillis par des employeurs ou envoyés par train ou en voiture dans une famille habitant dans une communauté plus éloignée. Le placement dans des familles canadiennes était réglementé par voie de contrats officiels ou de contrats bilatéraux qui exposaient clairement les responsabilités de la famille d'accueil, de l'enfant, du maître et de sa compagne. Dans le cas d'un jeune de moins de dix ans, le maître ou sa compagne recevait 5 $ par mois d'une agence, et ce, pour l'hébergement, la pension, l'école et l'habillement de l'enfant et on s'attendait à ce qu'il effectue de petites corvées autour de la maison et de la ferme. Entre 11 ans et 14 ans, les enfants avaient droit seulement au logement, à l'habillement et à un peu de scolarisation en échange de leur travail. à partir de 14 ans, et ce, jusqu'à la fin du contrat bilatéral, soit à l'âge de 18 ans, on s'attendait à ce que les enfants effectuent du travail d'adulte à temps plein et ils avaient alors droit à un salaire. Les jeunes Barnardo recevaient leur paie d'un montant de 100 $ à 200 $ à la fin du contrat bilatéral.

Le genre système de placement, par lequel les ménages canadiens obtenaient différents avantages selon l'âge des enfants émigrants, alimentait la vulnérabilité, l'isolement et la souffrance des enfants. Les plus jeunes enfants étaient généralement placés dans des secteurs récemment établis où les ménages touchaient une allocation mensuelle de 5 $ pour le logement. La vie sur la ferme à la frontière n'était jamais facile et la transition était particulièrement difficile pour les enfants ne possédant aucune expérience préalable sur la ferme. En dépit des promesses de Barnardo selon lesquelles des inspections régulières devaient être faites, l'éloignement de ces endroits faisait en sorte que les enfants les plus vulnérables étaient ceux ayant le moins de supervision. Au fur et à mesure que les enfants arrivaient à maturité et qu'ils étaient en mesure d'apporter une plus grande contribution, cette main-d'œuvre devenait plus recherchée dans des districts agricoles plus prospères. Par conséquent, les enfants Barnardo ont déménagé en moyenne trois fois pendant les cinq premières années de leur vie au Canada, les filles quatre fois en moyenne. Comme les enfants grandissaient dans plusieurs ménages et que l'on s'attendait à ce qu'ils travaillent toujours plus fort, ils sont souvent demeurés des étrangers sans être complètement accueillis dans leur famille ou dans leur communauté.

En dépit des dures épreuves auxquelles ont fait face les enfants émigrés, la plupart d'entre eux se sont adaptés à la vie canadienne et sont demeurés au Canada. Beaucoup de femmes, une fois le contrat bilatéral expiré, se sont établies dans de plus grandes villes, effectuant des travaux ménagers ou travaillant dans des manufactures ou des magasins. Bien que certains hommes soient restés sur les terres comme ouvriers agricoles et fermiers indépendants, beaucoup ont immigré vers les villes pour travailler dans les manufactures, ou comme artisans ou commis. à cet égard, le but des protecteurs d'enfants de voir leurs protégés grandir et s'établir dans le milieu rural du Canada n'a été que partiellement atteint. Les efforts des agences d'assistance ont été plus tard déjoués par les enfants émigrants – environ un sixième des enfants Barnardo – qui, à l'âge adulte, sont retournés de façon définitive en Grande-Bretagne.

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Les enfants Barnardo - Lectures

L'étude la plus approfondie portant sur la vie et le travail des enfants émigrants, surtout les enfants Barnardo, demeure l'œuvre de PARR, Joy. Labouring Children: British Immigrant Apprentices to Canada, 1869-1924, Toronto, 2e éd., University of Toronto Press, 1994. Marjorie Kohli examine les agences visées par l'émigration juvénile dans The Golden Bridge: Young Immigrants to Canada, 1833-1939, Toronto, Natural Heritage Books, 2003, tandis que d'autres aspects de l'expérience des enfants dans les foyers sont décrits par BAGNELL, Kenneth. The Little Immigrants: The Orphans Who Came to Canada, Toronto, 2e éd., Dundurn Group, 2001; CORBETT, Gail H. Nation Builders: Barnardo Children in Canada, Toronto, Dundurn Group, 2002; et HARRISON, Phyllis (éd.). The Home Children: Their Personal Stories, Winnipeg, 2e éd., J. Gordon Shillingford, 2003.