Contexte historique
À l'aube du « siècle de la Raison »!
(1600)
En France, le premier quart du
XVIIe siècle est une période troublée, et
troublante, qui oscille entre l’ordre et le désordre, suivant les
régences et les monarques qui exerçent un pouvoir sans
consistance. La perturbation de l’ordre social annonçe le branle-bas
intellectuel et laisse deviner que ce siècle sera autre chose que le
prolongement du siècle précédent.
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La France, vers 1600 |
Depuis 1524, à la suite des voyages des explorateurs
envoyés par le roi de France, quelques cartographes avaient pris
l’habitude de désigner du nom de Nouvelle-France les espaces immenses
de l’Amérique du Nord septentrionale. Le territoire situé au
sud et à l’ouest de Terre-Neuve, rattaché au continent, fut
nommé l’Acadie. Le pays riverain de la grande rivière du
Canada - le Saint-Laurent - fut désigné par le nom
amérindien Canada.
Carte de G. Levasseur, 1601
Carte synthèse de la
connaissance du golfe et de la vallée du Saint-Laurent avant
Champlain
Bibliothèque nationale, Paris, France
À cette époque en France
Catholiques et protestants s’affrontent une fois de plus. Alors
que les huguenots de Bretagne et de Normandie affirment leur loyauté
au «Très Catholique» roi de France, ceux de l’ouest et du
sud du royaume se rebellent à nouveau.
Henri IV, fils d’une mère calviniste et d’un père
catholique, est assassiné le 14 mai 1610. Il laisse le royaume sous
la gouverne de son épouse, Marie de Médicis, régente
jusqu’à la majorité de son fils aîné, le futur
Louis XIII, alors âgé de neuf ans. En 1624, le jeune roi
entreprend de gouverner avec la collaboration du cardinal duc de Richelieu,
futur initiateur de la Compagnie des Cent-Associés.
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Henri IV,
vers 1610
Gravure
Nicolo Van Aelst (1527-1612)
Musée Carnavalet, Paris, France
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Le cardinal de
Richelieu, 1635
par Philippe de Champaigne
La Sorbonne, Paris
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Le rétablissement de la paix civile et de l’autorité
monarchique incite de grands chercheurs de profits à solliciter
l’appui du souverain. Depuis que Cartier a confondu la pyrite de fer avec
l’or et le quartz avec le diamant, il n’est plus question d’établir
des Français à demeure outre-mer. C’est à titre
privé que chasseurs de baleines, pêcheurs de morues et
trafiquants de fourrures entreprenaient leurs expéditions
saisonnières.
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Le rétablissement de la paix civile et de l’autorité
monarchique incite de grands chercheurs de profits à solliciter
l’appui du souverain. Depuis que Cartier a confondu la pyrite de fer avec
l’or et le quartz avec le diamant, il n’est plus question d’établir
des Français à demeure outre-mer. C’est à titre
privé que chasseurs de baleines, pêcheurs de morues et
trafiquants de fourrures entreprenaient leurs expéditions
saisonnières.
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Saint-Malo, vu de
Paramé, XVIIe siècle
Gravure anonyme
Musée de Saint-Malo
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Les marchands des principales villes portuaires de France,
véritables républiques maritimes, s’affrontent pour la
liberté du commerce avec les Indiens d’Amérique et pour le
contrôle des monopoles de la traite des fourrures. Démarches,
interventions et oppositions auprès de la cour rythment la lente
progression des postes français vers l’intérieur du continent
nord-américain.
De Dieppe à Canada
En 1603, à l’invitation du commandeur De Chaste, gouverneur de
Dieppe, Champlain entreprend son premier voyage au Canada.
Vue cavalière de Dieppe,1650
Gravure
Collection privée
Avec l'appui du roi, trois navires sont affrétés
à Saint-Malo par une société formée de plusieurs
gentilhommes et des principaux marchands de Rouen; ils partiront de Honfleur.
Arrêt du conseil du roi permettant aux
capitaines Colombier, Prévert et Pont-Gravé d'armer trois
navires à Saint-Malo 1603
Photo : Archives nationales de
France E5A, fº 248
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Transcription du document précédent adaptée en
français actuel :
13 mars 1603 à Paris
Sur la Requête présentée par
les bourgeois et habitants de St-Malo tendant à ce qu’il plût
au roi, rendre libre, en cette présente année et à
l’avenir, le trafic du Canada ci-devant découvert avec grande
dépense par leurs prédécesseurs. Nonobstant les
permissions et défenses prétendues par les Capitaines Prevert
et Pont-Gravé. La Foi en son Conseil a pour bonnes causes et
considérations à ce le mouvant, ordonné et ordonne que
le Capitaine Colombier de St-Malo, nommé par les dits habitants
St-Malo, armera son vaisseau en la présente année pour avec
les deux navires des sieurs Prevert et Pont-Gravé conjointement ou
séparément, selon que la commodité s’offrira, aller au
trafic et découverte des terres de Canada et pays adjacents. À
la charge de contribuer à la tierce partie des loyaux coûts et
frais qui se feront en la dite découverte, faisant Sa Majesté
inhibitions et défenses aux sieurs Prevert, Pont-Gravé et tous
autres sieurs, sujets de quelque qualité et condition qu’ils soient
de les troubler sur les points mentionnés. Fait au Conseil
du Roi tenu à Paris le ce présent jour de Mars 1603.
[Signé :] BELLIEVRE DESAULIFANT
A. DE BETHUNE
Arrêt du Conseil du Roi permettant aux Capitaines Colombier,
Prevert et Pont-Gravé d’armer trois navires à St-Malo,
Archives nationales de France, E5A, fº 248 |
Croquis d’un navire de Normandie sur la couverture
d’un journal de bord, 1550
Bibliothèque nationale,
Paris, France
Département des manuscrits : Fonds français,
vol. 24269, fo 55v
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François Gravé Du Pont, capitaine d’un des vaisseaux,
initiera Champlain au Canada.
En ce temps au Canada
Tadoussac
(1603)
Depuis 1600, Pierre Chauvin, sieur de Tonnetuit, armateur
négociant à Honfleur, en Normandie, tient un comptoir de
traite avec François Gravé Du Pont à l'embouchure du
Saguenay.
Le poste de Chauvin à Tadoussac
Reconstitution architecturale
Photo : J.-P. Chrestien
Champlain débarque à Tadoussac le 26 mai 1603.
Séduit par le Canada dès son premier voyage, il y consacrera
sa fortune et sa vie.
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