Assiette, vers 1855 Fabricant : J. Goodwin, Seacombe Pottery Liverpool, Angleterre Musée canadien des civilisations No de cat. : 979.28.3 Diapo No 17886 |
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LA TERRE CUITE FINE À DÉCOR IMPRIMÉDans les années 1880, le Canadien Canniff Haight dit en parlant de sa génération qu'elle est «passée de changement en changement avec une rapidité remarquable». Le XIXe siècle tout entier est marqué par les mutations constantes, et tout potier qui désire continuer à faire des affaires doit relever le défi que présente le changement.Lorsque le public commence à se lasser de la terre cuite fine de couleur crème — ce qui est le cas même avant la fin du XVIIIe siècle — les potiers britanniques sortent une terre cuite fine plus blanche. On lui donne un nom différent selon la période. Un premier nom attribué au XVIIIe siècle et que l'on utilise beaucoup aujourd'hui pour la décrire est «pearlware».
Cette terre cuite fine plus blanche, comme le creamware plus ancien, comporte parfois un décor peint à la main. Le pearlware servira surtout de toile à la méthode d'impression sous glaçure de la céramique inventée par les Britanniques. Les potiers de terre cuite fine du Staffordshire utilisent cette technique de décor semi-mécanique dès les années 1780. À force de tâtonnements, elle atteint la perfection au début du XIXe siècle. Comme le bleu est la première couleur que l'on apprend à maîtriser pour le décor sous glaçure, on donne à ce processus le nom de «décor imprimé en bleu», même après l'introduction d'autres couleurs.
La terre cuite fine britannique ornée de décor sous glaçure est la plus populaire de toutes les céramiques utilisées au Canada durant le XIXe siècle. Malgré la vogue de certaines couleurs, le bleu demeure la favorite. On trouve des factures montrant des importations avant 1805. En 1811, un importateur de Halifax parle de la terre cuite fine à décor imprimé en bleu comme étant «maintenant d'utilisation courante».
La maîtrise du décor imprimé sous glaçure comme technique de décoration ouvre d'innombrables possibilités au potier. Les fabricants de terre cuite fine britanniques exploitent celles-ci avec tellement de vigueur qu'une publication de Londres, en 1809, reconnaît leur contribution à la création d'une «nouvelle source de commerce profitable» dans leur pays. Le décor imprimé est un moyen tout indiqué de satisfaire aux intérêts de l'heure. Les moyens de transport améliorés au XIXe siècle favorisent, par exemple, l'augmentation du nombre de livres de voyage, et de lecteurs. Les potiers tournent cette situation à leur avantage. Ils fouillent les livres de voyage à la recherche d'illustrations pouvant être converties en décors pour la terre cuite fine, et c'est ainsi que la géographie fait son apparition sur la table de la salle à dîner. Parfois, des scènes réelles de lieux existants sont adaptées. D'autres fois, les potiers créent des scènes d'inspiration fantaisiste, rattachant souvent à celles-ci le nom d'un endroit réel. Les noms des motifs deviennent importants et sont souvent imprimés au verso des pièces avec le nom et les initiales du potier.
Les illustrations dans les œuvres littéraires populaires, récentes ou anciennes, constituent une autre source d'inspiration des motifs imprimés. L'actualité, les dessins botaniques et les livres d'histoire naturelle sont aussi des sources d'inspiration. Le Canada constitue un marché pour cette poterie à dessin imprimé. Peu avant le milieu du XIXe siècle, on voit apparaître des paysages canadiens sur la terre cuite fine britannique. Certaines visent le marché canadien, mais d'autres s'adressent à un marché plus vaste. Les scènes canadiennes répondent à l'intérêt manifesté pour les lieux éloignés et les pays lointains qui marque cette époque. Pour beaucoup de personnes, le Canada faisait figure de pays romantique. Des documents montrent l'achat de scènes canadiennes en Grande-Bretagne même, dans d'autres parties de l'Europe, aux États-Unis et même au Mexique. |
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