LA PORCELAINE (partie 2)Offrez-vous une nappe «blanc de neige» et de la «porcelaine éblouissante». Ce sont là des articles «indispensables». Un livre d'étiquette paru au Canada dans les années 1880 offre ce conseil à la mariée pour dresser son couvert. Vers la deuxième moitié du XIXe siècle, un approvisionnement plus généreux en porcelaine et des prix plus bas, au moins pour certaines pièces, rendent celle-ci accessible à plus de gens que jamais.Les potiers britanniques continuent d'approvisionner le Canada, mais les importations européennes prennent plus d'envergure. La porcelaine française, à prix modéré dans la plupart des cas, se fait rapidement remarquer sur le marché canadien.
La nouvelle porcelaine irlandaise de Belleek fait l'objet d'une vaste publicité au début des années 1870. Pour souligner les jubilés de la reine Victoria, en 1887 et en 1897, une vague d'articles de services à thé en porcelaine commémorant les événements arrive des potiers de tous les coins des îles britanniques. Certains importateurs canadiens font ajouter leur nom sur ces articles. Vers la fin du siècle, l'engouement pour la décoration amateur de porcelaine incite les marchands de porcelaine et les commerçants de fournitures artistiques à importer des stocks importants d'articles «blancs» de France et d'Angleterre. La porcelaine plutôt que la terre cuite devient la «toile» de choix des jeunes filles qui se mettent à la peinture sur porcelaine.
Avec les nouveaux établissements qui s'installent dans l'Ouest et la croissance de la population canadienne, la demande d'articles de céramique de tout genre ne cesse d'augmenter. La porcelaine joue dans ce marché un rôle plus important que jamais.
Avant le milieu du XIXe siècle, la porcelaine française n'est qu'occasionnellement offerte. Dans les années 1820 et 1830, il est possible d'acheter de la porcelaine de Paris à Montréal, par exemple, et à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Mais, ce sont là des cas isolés. Ce n'est pas avant environ les années 1840 que le goût pour la porcelaine française s'installe pour de bon. On la rapporte parfois d'un voyage en France. Un jeune couple des Cantons de l'Est du Québec fait un voyage de noces à Paris en 1860 et commande un service de table et des services à dessert, à thé et à café pendant son séjour. Le couple demande que l'on peigne leur initiale «F» (pour Farwell) sur les pièces. Le Musée canadien des civilisations compte dans sa collection un sucrier en porcelaine des Farwell.
La porcelaine française la plus populaire est celle de Limoges à décor de roses moussues. Un service à thé de ce genre devient l'objet de convoitise de la maîtresse de maison tant à la ville qu'à la campagne et il est offert à un prix abordable.
Dès les années 1860, des importateurs d'ouvrages de céramique se mettent à établir leurs propres studios de décor. Ils commandent à leurs fournisseurs de l'étranger des articles de table non décorés qu'ils décorent ensuite au Canada selon les exigences de leurs clients. Cette pratique crée des possibilités d'emploi. Les peintres professionnels de porcelaine ouvrent leurs propres ateliers. Les amateurs, en particulier les femmes, se mettent à la peinture sur porcelaine. Des cours sont bientôt offerts dans tous les coins du pays.
John Griffiths est l'un des maîtres les plus connus. Il avait émigré avec son frère James à London, en Ontario, dans les années 1850. Les deux frères avaient reçu une formation de peintre sur porcelaine dans leur pays natal, le Staffordshire. James occupe d'autres emplois au Canada sans toutefois abandonner l'art. Il devient membre fondateur de l'Académie royale des arts du Canada à la création de celle-ci en 1880. John achète une ferme aux abords de London, mais il la délaisse. Il s'adonne notamment à l'enseignement de la peinture sur porcelaine et expérimente avec la photographie comme moyen de décoration de la porcelaine. Le Musée, dans sa vaste collection d'articles des Griffiths, a une petite tasse en porcelaine ornée d'une représentation photographique d'Eliza, fille aînée de John. |
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