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LAURÉAT EN 1985
Michael Wilcox - Relieur
À propos de l'artiste
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« La reliure d'art, ainsi qu'on la pratique sur notre continent, fait appel
à plusieurs techniques et divers matériaux avec lesquels
l'artisan doit composer un tout harmonieux. Lorsqu'un maître relieur
se double d'un artiste de talent, il devient ce qu'on appelle aujourd'hui
un artiste relieur, statut auquel aspirent tous ceux qui pratiquent la
technique de la reliure. Son travail m'apparaît intuitif,
spontané et rarement entravé par des considérations
académiques. De fait, certains bibliophiles, qui sont peut-être
en définitive les meilleurs juges en la matière, lui font
place parmi les plus grands relieurs actuels en Occident. »
Robert Muma
Artiste et relieur retraité
Toronto
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C'est pour parfaire son éducation et apprendre un métier que
Michael Wilcox entre en apprentissage chez un relieur industriel de sa
ville natale, Bristol.
C'est là qu'il découvre que la reliure exige la collaboration
d'ouvriers spécialisés aux tâches rigoureusement
définies. Il décrit ainsi l'organisation du travail chez
l'imprimeur Edward Everard :
« L'ouvrier s'occupait soit du brochage, soit de la finition. Moi,
j'étais au brochage. Quand je suis entré chez Everard, je ne
savais pas très bien ce que j'allais faire. Mais il y avait une
place à l'établi de brochage et c'est là qu'on m'a
mis. »
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Samson Agonistes, relié en 1983
(John Milton; Stamperia del Santuccio, Florence (Victor Hammer), 1931)
Maroquin brun, marqueté de dorure
Collection : Bibliothèque de l'université de l'Alberta
Image utilisée avec la permission de l'artiste
Archives - Boîte 607, F4 et F5
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Après son arrivée au Canada en 1962, il obtient un contrat
de cinq ans pour restaurer la collection de livres de médecine
anciens de l'université de Toronto. Ce projet lui permet
d'approfondir et de mettre à jour ses connaissances tout en se
familiarisant avec la restauration et la conservation. D'autres commandes
privées lui donnent l'occasion de créer des dessins de
couvertures.
Aujourd'hui, Michael Wilcox est l'un des grands noms de la reliure d'art
contemporaine. Aucun aspect de son métier ne lui est
étranger, qu'il s'agisse de reliure, de création de
couverture ou d'éditions d'art réalisées à la
main. Il a même inventé un procédé pour
protéger les livres rares : une surreliure en cuir doublée
d'un carton non acide qui répond à la fois aux besoins de la
conservation moderne et aux exigences esthétiques de la reliure
d'art.
Les galeries s'intéressent depuis quelque temps à la reliure
d'art, signe certain que les relieurs ont conquis leur place dans le monde
artistique aux côtés des autres maîtres-artisans.
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Michael Wilcox, lui, ne se considère pas comme un artiste mais
plutôt comme un artisan. Son métier, dit-il, est
inséparable du contenu des ouvrages littéraires. La reliure,
procédé fort complexe où intervient une succession de
tâches distinctes, exige une maîtrise technique qui ne
s'acquiert qu'après de longues années de travail. La reliure
d'art contemporaine risque donc de rester un métier un peu à
part et plus ou moins isolé dans le monde des arts.
C'est peut-être cet isolement et cette vulnérabilité
économique qui incitent Michael Wilcox à décourager
les jeunes tentés par le métier. À ceux qui ont
vraiment le feu sacré il recommande un bon apprentissage
conventionnel axé sur les techniques et la pratique plutôt
qu'un enseignement dispensé par un collège ou une
université. Mais il pense en définitive que cette question
de choix est secondaire car, dit-il, « ceux qui le veulent vraiment
apprendront, d'une façon ou d'une autre ».
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