Le territoire
Le sud-ouest de la plaine d'Anderson
(en détail)
(deuxième partie)
par
Jean-Luc Pilon
Archéologue du PIPGN
Musée canadien des civilisations

La Végétation

La végétation moderne manifeste une grande hétérogénéité dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson. Sa variété concorde avec la topographie locale qui, à son tour, affecte le drainage des sols. De même, les événements locaux récents, notamment les feux de forêt, ont modifié de façon importante la composition de la végétation. En général, la végétation est dominée par l'épinette noire et blanche respectivement (Picea glauca ou mariana). D'autres espèces importantes d'arbres sont le bouleau à papier (Betula papyrifera), le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), le peuplier baumier (Populus balsamifera) et le mélèze laricin ou épinette rouge (Larix laricina) (Ritchie 1984: chap. 4; Rows 1959: 28). Parmi les arbustes, on peut souvent compter les saules (Salix sp.), les aulnes (Alnus sp.), le bouleau nain (Betula glandulosa), la rose (Rosa sp.), le thé du Labrador (Ledum sp.). Finalement il ne faut pas oublier diverses mousses (spécialement la sphaigne), les lichens (Cladonia sp.), les herbes et les joncs. Dans la plupart des endroits qu'on a visités, la forêt peut facilement se caractériser comme une forêt clairsemée.

Le climat

Compte tenu de la latitude de la région à l'étude -- entre approximativement 67 et 69 degrés Nord -- le climat n'est pas aussi rigoureux qu'il ne l'est plus à l'est dans les Territoires du Nord- Ouest. L'examen des cartes climatiques indiquent clairement l'effet qu'a la baie d'Hudson sur les variations de la température au nord du 60e; la baie d'Hudson attire le système climatique de l'Arctique vers le sud. Les tables ci-dessous fournissent un sommaire des conditions climatiques prédominantes de nos jours dans l'aire de recherche (Fletcher and Young n.d.).

Les données climatiques pour le sud-ouest de la plaine d'Anderson
La température annuelle moyenne10 à 20 F (-6.7 à -12 C)
La moyenne des écarts de la température en janvier-30 à -15 F (-34.4 à -23.3 C)
La moyenne des écarts de la température en avril0 to 25 F (-17.8 to -4 C)
La moyenne des écarts de la température en juillet45 à 70 F (7.2 à 21 C)
La moyenne des écarts de la température en octobre10 à 30 F (-9.4 à -1 C)
Le nombre de jours sans gelée80-100
La précipitation annuelle moyenne5-15 pouces
La quantité de neige annuelle moyenne40-50 pouces
La quantité de neige - dec.jan.fév.10-30 pouces
La quantité de neige - mar.avr.mai10-20 pouces
La quantité de neige - juin juil.août0-5 pouces (le minimum en juillet)
La quantité de neige - sept.oct.nov.20-30 pouces (le maximum en octobre)
La précipitation moyenne - juin juil.août4-5 pouces
La précipitation moyenne - sept.oct.nov.2-3 pouces
La direction des vents prédominants
décembre, janvier, février
Tuktoyuktukest
Inuvikest
Le sud du deltanord-ouest
juin, juillet, août
Tuktoyuktukest
Inuviknord-ouest
Le sud du deltanord-ouest

Au-delà des 67 degrés de latitude, les étés jouissent de 24 heures de soleil et l'opposé est vrai pour les mois d'hiver avec 24 heures d'obscurité à la fin de décembre. Cette photographie est celle d'une cour d'école à Inuvik à 9 h.a.m. au début de mars.

On doit mentionner qu'il n'y a pas de stations météorologiques dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson. Plutôt, les stations les plus rapprochées sont situées dans le delta du Mackenzie (Inuvik et une station dans le sud du delta), à Tuktoyaktuk et au Fort Good Hope. Les données de la température couvrent la période de 1948 à 1973, alors que les renseignements sur les précipitations et la direction du vent se terminent en 1972.

Les ressources fauniques

Une liste détaillée des espèces d'oiseaux, de poissons et de mammifères marins qui fréquentent l'ensemble de la région du delta du Mackenzie, y compris une bonne partie du sud-ouest de la plaine d'Anderson, peut se trouver dans Martell et al. (1984). À plusieurs égards, les espèces qui vivent dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson se retrouvent ailleurs dans le Subarctique mais varient quant à leur nombre et leur concentration. L'information reliée aux caribous et à certaines espèces d'oiseaux migratoires (le cygne siffleur, les oies des neiges et les oies rieuses) indiquent que cette région est un lieu d'hivernage particulièrement important dans le cas des caribous ou un relais durant les migrations printanières dans le cas des espèces d'oiseaux (Canada n.d.).

Dans les dernières années, le nombre de caribous hivernant autour du lac Tenlen a été assez important pour permettre la chasse commerciale. Au début des années 1980, on a vue jusqu'à huit avions Twin Otters se remplir de quartiers de caribous en une semaine, durant les derniers mois d'hiver (Albert Adams, communication personnelle 1985). On a observé plusieurs signes indiquant l'utilisation de la région par le caribou en hiver, notamment les excréments et les bois de cervidés. Martell et al. mentionnent la présence d'orignaux dans la région mais, à leur avis, en petit nombre. Cette observation est un peu en conflit avec notre expérience au cours des trois dernières années. Nos rencontres et nos observations se faisaient peut-être à distance et étaient espacées, mais nous apercevions régulièrement des orignaux. La série de cartes fournissant des renseignements sur l'utilisation du territoire (Canada n.d.) montre que quelques endroits sont importants pour la pêche domestique. Ces informations reposent sur l'utilisation limitée et récente de la région. Vraisemblablement des études détaillées de ces ressources indiqueraient que la région en général contient une bonne réserve de poissons.