Sommaire de la campagne archéologique de 1992
par
Jean-Luc Pilon
Archéologue du PIPGN
Musée canadien des civilisations


Résumé des activités effectuées en 1992

On a fait des fouilles archéologiques sur trois sites dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson pendant la saison 1992. Ces travaux faisaient partie des activités de terrain du Projet archéologique du Programme d'initiatives pétrolières et gazières du Nord (PIPGN) au Musée canadien des civilisations. Au premier site, NbTj-9, on a pu échantillonner deux aires d'activités liées à l'occupation paléoesquimaude du site. À NbTj-1, on découvrit deux fragments de cuivre natif. Lors de fouilles antérieures, on y avait trouvé des matiériaux lithiques provenant de sources situées plus au nord et à l'est. Le cuivre natif vient donc renforcer l'impression que des communications existaient entre ces régions. Les résultats des sondages au troisième site s'avérèrent peu informatives. Nous avons aussi réexaminé deux sites connus près du lac Campbell. Cette étude nous a permis de faire des découvertes à ces deux emplacements. Donc, nous recommendons qu'une étude systématique du parc territorial qui y est proposé soit entrepris, en raison de la vulnérabilité des ressources patrimoniales qu'un tel parc renfermerait.

Les objectifs

Les travaux de terrain que j'avais anticipé entreprendre au cours de la saison de recherche de 1992 comprenaient d'autres puits de sondage et des fouilles à trois sites archéologiques antérieurement découverts dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson (NbTj-9, NbTj- 1 et MlTk-27). Essentiellement, ces fouilles visaient à vérifier des hypothèses qui dérivaient des travaux antérieurs effectués sur ces sites.

À NbTj-9, les fouilles faites en 1990 ont révélé que la région avait été occupée par la Tradition microlithique de l'Arctique (Pilon 1991). Un grand nombre d'instruments en pierre et une grande quantité de déchets de taille de la pierre ont été trouvés près d'une structure de combustion. Avant de quitter le site en 1990, on a découvert deux autres structures de foyers sur cette ancienne terrasse, à environ 10 à 14 mètres du lieu des sondages. En retournant à cet endroit, je désirais vérifier l'affiliation culturelle des utilisateurs de ces deux structures de combustion, que je soupçonnais être affiliés à la Tradition microlithique de l'Arctique.

NbTj-1, quoique d'abord découvert en 1987, avait été l'objet d'une attention plutôt superficielle (Nolin 1991). On a décidé d'y retourner faire d'autres puits de sondage à la lumière de la récupération en 1990 d'un gros "vesicular clinker flake", apparemment originaire de la péninsule de Cape Bathurst. Jusqu'à maintenant, cette matière première distinctive n'a été trouvée que dans un contexte rattachée à la Tradition microlithique de l'Arctique au lac Hyndman et Vidiitshuu.

Un troisième site, MlTk-27, découvert en 1991 (Pilon 1992), semblait offrir la possibilité de fournir des renseignements sur une occupation de la TMA dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson. À ce moment, un certains nombre de puits de sondage pratiqués sur une ancienne terrasse a livré des objets façonnés sur une grande variété de matières premières. Dans la portion méridionale de cette structure géomorphique, des déchets de taille ont été récupérés dans la voisinage d'une sorte de structure de combustion. Les artisans de la Tradition microlithique de l'Arctique accordaient une grande importance à l'usage de cherts de bonne qualité pour la fabrication de burins, de pointes de projectiles et de microlames. Même si le chert n'était pas utilisé exclusivement par cette tradition culturelle, la prévalence de cherts dans des puits de sondage laissent supposer une affiliation à la TMA. D'autres puits de sondage étaient donc requis pour vérifier cette hypothèse.

Le deuxième aspect de mes plans de cet été impliquait la poursuite d'une reconnaissance archéologique de la basse vallée du Mackenzie. En particulier, je désirais passer quelque temps plus au sud dans les régions du lac Marion et des lacs Moraine, afin de parvenir à une plus grande compréhension d'une autre région en dehors de la plaine d'Anderson. Une deuxième région qui a toujours semblé nécessiter un eamen de la part des archéologues était la région des colline Dolomite entre le lac Campbell et la ville d'Inuvik. En dernier lieu, à la requête de Jimm Simon du département du Torisme et du développement économique, G.T.N.O., j'ai réexaminé deux endroits près du lac Campbell, situé à l'intérieur des limites du futur parc territorial du lac Campbell. Cette investigation était principalement destinée à déterminer le besoin d'un supplément de travail archéologique systématique et éventuellement de la valeur interprétative des ressources patrimoniales qui pouvaient s'y trouver.

Itinéraire

Pour accomplir la liste relativement modeste des objectifs décrits ci-dessus, une équipe de quatre personnes se rencontrèrent à Inuvik le 23 juin. En plus de moi-même, l'équipe comprenait Diane Cocke, un étudiant gradué en archéologie de l'université de l'Alberta, Willie Simon Modeste, un résidant d'Inuvik qui avait déjà travaillé pour moi en 1988, 1990 et 1991, et Fulgence Belcourt, un bénévole de la région de Sudbury.

Notre première tâche a consisté à obtenir des provisions et des pièces d'équipement d'Inuvik pour les quatre prochaines semaines. Notre premier campement s'est situé au lac Whirl où Luc Nolin, archéologue du PIPGN, y travaillait depuis la deuxième semaine de juin. Peu après notre arrivée, son équipe devait se rendre à Arctic Red River et commencer les fouilles. Nous devions nous diriger vers le lac Hyndman et creuser des puits de sondage dans NbTj-9 et NbTj- 1. Nous devions prendre la plus grande partie de notre équipement au camp de M. Nolin puisque son équipe devait être hébergée à Arctic Rid River. En raison de la nature du site fouillé au lac Whirl (MjTp-3), ce large camp (comprenant alors 9 individus) de s'est pas déplacé avant le 29 juin. Pendant que nous étions au lac Whirl, on a contribué à la poursuite des fouilles dirigées par Nolin. On a aussi entrepris la reconstruction, à l'échelle, d'une habitation semi-souterraine. Cette reconstruction visait à produire une superstructure susceptible d'illustrer les renseignements archéologiques qu'on avait accumulés sur de telles structures depuis 1985. En conséquence, cette expérience nous a permis de réviser et mettre à jour nos opinions sur l'aspect que pouvait avoir cette habitation. En outre, le processus entier a été filmé sur vidéo et servira, on l'espère, d'instrument important d'information.

Notre séjour au lac Hyndman a duré jusqu'au 10 juillet. À NbTj-9, on a fouillé un total de 11 mètres carrés dans deux régions distinctes. Cependant, le temps a seulement permis de fouiller 1,25 mètres de plus à NbTj-1. Le 10 juillet, nous avons déplacé notre camp à MlTk-2 sur le Vidiitshuu (lac à la Truite),situé au sud- ouest du lac Hyndman. Là, on a fouillé un total de 6 mètres carrés à MlTk-27, situé en face de l'embouchure de la rivière Kugaluk de MlTk-2.

Willie Simon Modeste quitta Hyndman le 3 juillet afin de partir d'Inuvik avec un bateau et un moteur dont l'équipe du Dr. David Pokotylo avait besoin à Vihtr'iitshik (MiTi-1 ou rivière au Tonnerre). Par conséquent, la taille de notre équipe au lac Hyndman fut réduite à trois individus, dont un (Fulgence Belcourt) n'avait aucune expérience archéologique antérieure.

Même si j'avais originellement planifié de me déplacer à Inuvik le 19 juillet, le transport par hydravion ne pouvait avoir lieu que le 17; notre départ fut donc devancé de deux jours, En raison de notre séjour prolongé au lac Whirl et à la lenteur des travaux au lac Hyndman, la semaine de reconnaissance archéologique que nous avions anticipé passer dans la région des lacs Marion/Moraine a dû être annulée. La dernière semaine de terrain s'est plutôt déroulée à partir de notre base à Inuvik.

D'Inuvik, on a examiné quelques endroits près du lac Campbell (NbTq-2 et NbTq-3) à la requête du Departement de développement économique et du tourisme, GTNO. On a aussi fait une reconnaissance par hélicoptère des collines Dolomite dans le but d'entreprendre une reconnaissance à pied de quelques secteurs prometteurs de cette région. Cependant, les conditions atmosphériques et la disponibilité de l'aéronef nous en a empêchés.

Durant notre séjour à Inuvik, on a aussi voyagé à Arctic Red River afin d'examiner la travail qui y avait lieu et pour consulter l'équipe archéologique, Alectine André et Ingrid Kritsch à qui le projet archéologique du PIPGN avait accordé un contrat pour effectuer la compilation des connaissances traditionnelles.

En dernier lieu, le 24 juillet, j'ai présenté un exposé au Forum scientifique d'Inuvik, dans le cadre d'une activité de la Conférence des Inuit circumpolaires.

Comme j'avais maintenu des contacts réguliers avec David Pokotylo qui dirigeait des fouilles à Miti-1 (Vihtr'iitshik ou rivière au Tonnerre), on m'a mis au courant des contraintes qu'imposait cette carrière/atelier de taille de la pierre. Par conséquent, on décida d'envoyer Willie Simon Modeste rejoindre l'équipe de Vihtr'iitshik le 19 juillet et d'y demeurer jusqu'à la fin du mois, au moment où on retournerait à Inuvik avec le bateau et le moteur empruntés du Laboratoire de Recherche d'Inuvik.

En général, plusieurs des objectifs de recherche ont été comblés, avec l'importante exception de la reconnaissance qu'on avait planifiée pour la région du Fort Good Hope.

Remerciements

J'aimerais remercier l'Institut des sciences des Territoires du Nord-Ouest, et en particulier le personnel du Laboratoire de recherche d'Inuvik, Gary White, Les Kutny et Mabel Logan pour leur amabilité et leur efficacité. Il est certain que leurs services sont essentiels et décisifs pour mener notre travail à bien. Il est également vrai que leur promptitude à aider et leur gentillesse rendent les activités de recherche dans la région d'Inuvik une entreprise agréable. On doit aussi féliciter l'Institut des sciences pour la bonne organisation de leur Forum des sciences, qui a eu lieu dans le cadre de la Conférence des Inuit circumpolaires. J'aimerais aussi exprimer ma gratitude aux membres de l'Étude du plateau continental polaire pour leurs communications quotidiennes par radio. L'importance de ce réseau de sécurité ne peut pas être sous-estimée. M. Wally a eu la bonté de m'inviter à son programme de radio "Blue Ice Afternoon(l'Après-midi de la glace bleue)", et ainsi m'a fourni une plate-forme exceptionnelle pour atteindre la population de l'ouest de l'Arctique, et de partager notre travail avec eux. En dernier lieu, j'aimerais m'adresser à mes compagnons de terrain, Diane Cockle, Fulgence Belcourt et Willie Simon Modeste pour leur bon travail et leur bonne humeur.