Sommaire de la campagne archéologique de 1985
par
Jean-Luc Pilon
Archéologue du PIPGN
Musée canadien des civilisations

Résumé des activités effectuées en 1985

Les premières activités organisées par le Projet archéologique du PIPGN, Commission archéologique du Canada, Musée canadien des civilisations, ont eu lieu au cours de l'été 1985. Au total, on a examiné 75 endroits dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson, dont 40 témoignaient d'une occupation humaine: 18 de la période préhistorique, 11 de la période historique, quatre des périodes tant préhistoriques que historiques et sept dont on n'a pu établir la période d'occupation. Dans l'ensemble, les gisements préhistoriques se caractérisent par des concentrations de déchets de taille de la pierre et par des ossements animaux, et parfois par des marques de foyers et des fragments de pierres de chauffe. Nous croyons que la plupart de ces sites préhistoriques ne remonte qu'à une époque récente. Cependant, la nature des vestiges ne nous permet pas d'affirmer ni de réfuter cette hypothèse.

LacArrêtsPréhistorique HistoriquePré.& Hist.Inconnu
Goéland203421
Truite155122
Tenlen92201
Point113001
Deep91101
Autres
Régions
144301
78181147

Les objectifs des recherches effectuées sur le terrain en 1985

On peut décrire les reconnaissances comme des activités qui impliquent des techniques intensives et rapide de relevé. La distinction découle non seulement d'une différence évidente dans les moyens de transport utilisés (le bateau versus l'hydravion), mais aussi dans les objectifs des activités complémentaires.

Essentiellement, on a entrepris des reconnaissances intensives en établissant des campements sur divers lacs et en partant de ces endroits pour faire des voyages quotidiens dans des bateaux gonflables. De cette manière, on pouvait examiner le périmètre complet de chaque lac pour en évaluer son potentiel archéologique, et on pouvait faire des puits de sondage dans des endroits spécifiques.

La seconde technique de reconnaissance ne visait pas tant à localiser ni à tester des sites archéologiques mais à adopter un moyen d'évaluer efficacement un secteur quant à son potentiel écologique et archéologique en vue de planifier les travaux futurs. Par ces reconnaissances, on se faisait une idée générale de la nature de l'écoulement des eaux et de la physionomie du terrain, données qui n'étaient pas généralement décelables sur les photographies aériennes mais qui étaient vitales avant d'engager une équipe et de consacrer du temps à faire la reconnaissance de secteurs précis. Ainsi, on consacrait quelques jours à examiner les rives à basse altitude en hydravion et à faire des arrêts occasionnels aux endroits prometteurs afin de vérifier les observations aériennes.

En dernier lieu, une troisième stratégie de reconnaissance a été utilisée alors que notre camp de base se trouvait à Inuvik. Elle consistait à utiliser un camion pour avoir accès aux endroits de sites potentiels le long de l'autoroute de Dempster entre la rivière Arctic Red et Inuvik. Cette méthode opportuniste a vraiment donné quelques résultats intéressants.

Quand on faisait des reconnaissances intensives en bateau, on procédait de manière inductive. On s'attendait à trouver d'anciens campements à des endroits relativement plats, bien drainés avec ou sans protection contre les éléments. Une autre prémisse veut que, à différents moments et à différentes saisons de l'année, l'accès à la rive actuelle revête une importance variable. Par conséquent, on examinait toutes, ou la plupart, des terrasses.

On a aussi visité plusieurs d'endroits moins susceptibles d'avoir été la scène de campements. Il est très possible et probable que des sites aient été situés dans des endroits mal drainés et bas à certaines périodes de l'année. Cependant, les efforts requis pour les localiser serait plutôt considérable; on a donc consacré beaucoup moins de temps à ce type de reconnaissance. Comme le programme était en retard d'un an sur son échéancier, on a privilégié les endroits les plus facilement accessibles et testables par rapport aux premiers. Les endroits examinés se trouvaient sur des terrasses situées à l'embouchure des rivières, sur des pointes ou des proéminences ainsi que sur des lieux moins vraisemblables.

Après avoir identifié un secteur qui apparaissait plausible pour une occupation humaine, l'équipe se dispersait et faisaient à la pelle une série de petits puits de sondage au hasard. On recherchait aussi des indices en surface, qu'il s'agisse d'emplacements historiques de tentes ou des fragments de pierres de chauffe qui n'avaient pas encore été recouverts par la mousse et le lichen. En effet, on a localisé plusieurs sites préhistoriques à la suite de la découverte de galets ou de pierres de chauffe qui étaient visibles à la surface.

Les renseignements relatifs à la situation géographique, à la nature de l'environnement et au contenu archéologique de toutes les stations où on faisait un arrêt étaient inscrits qu'il y ait eu des témoignages d'occupation humaine ou non. Ces données étaient inscrites sur un formulaire normalisé de sites, accompagné d'un glossaire pour assurer la cohérence du jugement chez les divers archéologues du PIPGN (voir Appendice A).

Quand les unités de sondage étaient positifs, on faisait quelques tests à la pelle dans le voisinage immédiat afin d'essayer de circonscrire l'étendue de l'occupation. On pouvait élargir les puits de sondage à la pelle, habituellement des unités de 50 cm par 50 cm et on creusait à la truelle pour déceler les objets-témoins; la taille de ces puits variait en fonction du type et de la densité des vestiges rencontrés.

Dans la plupart des cas, il n'était pas nécessaire de faire d'autres fouilles. Les fouilleurs prenaient note de tous les puits de sondage positifs et le contenu archéologique, récupéré. On faisait des croquis de la plupart des sites.

Dans trois cas, le temps autant que la nature des sites ont permis de faire plus de puits de sondage qu'on ne l'avait planifié. On a établi des quadrillages et on a fouillé plusieurs carrés de 1 m par 1 m. À ces endroits, on a localisé les vestiges sur du papier quadrillé et on a récupéré les objets par niveau stratigraphique; en un mot, on a fait des fouilles limitées. On a photographié la coupe stratigraphique de la plupart des sites et on a dessiné les autres. Cependant, on a gardé des notes détaillées de toutes les fouilles.

Les activités effectuées au cours de la saison de fouilles de 1985

La saison de fouilles a commencé le 17 juin par le voyage d'Ottawa à Inuvik. Avant de commencer la reconnaissance, on a communiqué avec divers groupes locaux et on a organisé des rencontres avec quelques-uns d'entre eux afin de clarifier la nature de nos activités. Pour cette raison, on n'a pas pu se rendre au premier lac avant le 21 juin. Ce lac en particulier, la lac au Goéland (Johnson Lake) est le premier grand lac en amont du lac Tenlen à l'est du lac Travaillant. On y est demeuré une semaine entière.

La semaine suivante, l'équipe est retournée à Inuvik pour deux jours. On en a profité pour faire réparer notre radio-émetteur et pour faire d'autres provisions de nourriture et de combustible.

Le deuxième campement a été établi le 29 juin au lac à la Truite (Vidiitshuu ou Trout Lake), le deuxième lac en importance en aval du lac Tenlen. De ce camp de base, on a fait la reconnaissance du lac à la Truite et on a fait une brève visite sur le lac Tenlen. Cependant, les passages entre les lacs étaient difficiles en raison de la faible profondeur de l'eau à plusieurs endroits dans les ruisseaux qui reliaient ces lacs. Un voyage au lac à l'Aigle, le lac suivant en aval du lac à la Truite, a occasionné des dommages assez sérieux au hors-bord mais heureusement cet incident a coïncidé avec la fin de nos travaux sur ces lacs.

À partir du 12 juillet, on a établi nos quartiers généraux au Centre des ressources scientifiques d'Inuvik. À l'aide d'un hydravion, on a fait trois vols de reconnaissance dans la région des lacs dans le sud-ouest de la plaine d'Anderson. On a ainsi découvert trois autres sites dans le secteur occidental du lac à la Truite, au lac à l'Aigle, sur un petit lac près du lac au Goéland et au lac Crossing Lake. Ces voyages ont aussi permis de faire une évaluation des différences environnementales qui existaient entre divers secteurs compris dans la région de la reconnaissance. Avec ce complément d'information, on a préparé et effectué en bateau la reconnaissance plus intensive des lacs Point et Deep entre le 20 juillet et le 4 août.

En hydravion, on a entrepris une autre reconnaissance des hautes terres à l'ouest de Little Chicago. On a ainsi acquis une meilleure compréhension de cette région et on sera en mesure de planifier la saison de fouilles de 1986.

De nos quartiers à Inuvik, on a fait des voyages quotidiens le long de l'autoroute Dempster en camion de location. On a examiné des endroits prometteurs à la portée de l'autoroute. L'autoroute donnait aussi accès au Campbell Creek et au lac du même nom. Cependant, nos efforts pour faire la reconnaissance du lac Campbell ont été annulés par nos problèmes de hors-bord.

Remerciements

Le travail décrit dans ce compte rendu a été effectué dans le cadre des activités du Programme d'initiatives pétrolières et gazières du Nord de la Commission archéologique du Canada. Sur le terrain, on a utilisé les services du Centre de ressources scientifiques d'Inuvik, à savoir leur équipement de terrain et l'hospitalité lorsqu'on était de passage à Inuvik. J'aimerais remercier particulièrement M. John Ostrick de ses services amicaux et David Sherstone.

Le déplacement constant des campements et le travail dans des conditions souvent inconfortables constituent l'aspect le plus pénible des reconnaissances effectuées dans des régions inconnues. L'équipe de Jane Dale, Cathy Yasui et Virna Mae Firth ont entrepris avec compétence et mené à terme toutes les tâches requises et plus encore. On reconnaît avec gratitude la valeur des conseils et de l'aide prodigués par Jacques Cinq-Mars et Raymond LeBlanc sur le terrain comme à la Commission archéologique du Canada.

En dernier lieu, M. Fred Carmichael et son personnel de l'Antler Aviation ont fourni une aide précieuse en hydravion au cours de l'été et je suis reconnaissant de la qualité des services rendus.